Lorsqu’une organisation procède à un licenciement collectif ou à une mise à pied importante, il est essentiel d’offrir un soutien adapté aux personnes qui quittent. Mais il ne faut pas oublier pour autant celles et ceux qui restent en poste. Ces employés, les « survivants », traversent également une période de grande turbulence, souvent invisible. Ce phénomène, que l'on désigne sous le nom de syndrome du survivant, mérite une attention particulière de la part des professionnels RH et des gestionnaires.
Le syndrome du survivant décrit les réactions émotionnelles et comportementales des employés qui conservent leur emploi après un licenciement massif. Ces personnes ressentent souvent un mélange d'émotions contradictoires : soulagement, culpabilité, anxiété, colère, perte de repères.
Le terme « survivant » n’est pas le plus heureux, mais il est largement utilisé dans la littérature en ressources humaines pour désigner les employés qui conservent leur poste après une vague de licenciement.
De nombreuses études internes en entreprise et enquêtes de terrain montrent que les employés interrogés après une vague de licenciement rapportent une baisse de moral, une démotivation, et un désengagement envers leur organisation. Certaines recherches en psychologie du travail indiquent également que le syndrome du survivant peut mener à une détresse psychologique durable si l’organisation n’agit pas de façon proactive.
Ignorer le syndrome du survivant, c’est risquer d’accentuer les conséquences négatives d’un licenciement. Des analyses nord-américaines montrent que les entreprises qui ne prennent pas soin de leurs employés restants peuvent observer une baisse de productivité significative, ainsi qu’un effondrement du moral et une augmentation du roulement volontaire.
À l’inverse, lorsque les RH et les gestionnaires prennent le temps d’écouter, rassurer et soutenir les employés qui restent, cela favorise une reprise plus saine, une culture organisationnelle plus résiliente, et une meilleure mobilisation des équipes.
Voici quelques réactions fréquemment observées chez les employés ayant survécu à une mise à pied :
Ces réactions peuvent avoir des impacts tangibles sur la performance, la qualité des relations au travail, et la rétention des talents.
Dans les semaines suivant un licenciement collectif, plusieurs signaux peuvent alerter les gestionnaires sur la présence d’un syndrome du survivant :
Ces signes peuvent passer inaperçus s’ils ne sont pas activement recherchés. Ils méritent toutefois une attention particulière, car ils peuvent annoncer une perte plus profonde de motivation ou un départ à court terme.
Certaines pratiques peuvent atténuer les effets du syndrome du survivant :
Le syndrome du survivant est un réflexe humain, prévisible et compréhensible. Il ne s’agit pas d’un caprice ou d’un refus de collaborer, mais d’une conséquence directe du changement vécu. En le reconnaissant, les organisations peuvent mettre en place des stratégies RH plus humaines et plus efficaces.
À retenir :