Aucun professionnel des ressources humaines ne choisit cette voie pour annoncer des licenciements. Aucun gestionnaire ne se lance en leadership pour apprendre à « bien licencier ». Et pourtant, ces moments font partie de la réalité organisationnelle.
Qu’ils soient dictés par des impératifs économiques, une réorganisation structurelle ou une évolution stratégique, les licenciements sont des gestes forts — pour la personne qui quitte, bien sûr, mais aussi pour celles et ceux qui les annoncent.
La pression est réelle : respecter le cadre légal, sécuriser l’entreprise, protéger sa réputation. Mais derrière cette mécanique, il ne faut pas perdre de vue une vérité simple : les fins d’emploi ne sont jamais uniquement techniques. Elles sont profondément humaines.
Deux exigences, un même enjeu
Dans bien des organisations, la conformité est devenue le pilier central de la gestion des fins d’emploi. Et c’est bien ainsi. Les exigences légales sont nombreuses, les recours juridiques potentiels sont réels, et chaque étape du processus est scrutée à la loupe. Préavis, calculs d’indemnités, documentation, consultation du syndicat, rôle du comité de reclassement : rien ne doit être laissé au hasard.
Mais parfois, le focus sur la conformité finit par faire oublier l’essentiel : il y a des humains derrière les processus. Des personnes à qui on annonce qu’une transition s’impose, sans toujours en saisir la portée. D’autres qui devront porter ce message avec doigté. D’autres encore, qui poursuivront leur travail, mais avec une perception transformée de leur environnement.
Une tension silencieuse
Dans les jours qui précèdent une réorganisation, tout s’intensifie. Il faut informer, consulter, former, valider les messages, coordonner les gestes. L’organisation devient très centrée sur la planification, parfois au détriment de la relation. Et même si ce n’est jamais l’intention, la compassion peut se diluer dans la rigueur du processus.
Le paradoxe, c’est que les RH sont souvent les premiers à percevoir cette tension. Parce qu’ils tiennent la trame du processus, mais aussi parce que leur rôle est de soutenir, pas seulement d’exécuter. Alors comment faire lorsque la charge de conformité semble prendre toute la place ?
L’autre conversation
Il est possible — et souhaitable — d’ouvrir, en parallèle, une conversation sur le ton, sur la présence, sur la façon d’être.
Quelques questions peuvent guider cette réflexion :
- Le lieu de la rencontre est-il adéquat ?
- Un soutien est-il offert dès la remise de la nouvelle ?
- Le gestionnaire est-il préparé à livrer ce message ?
- Que prévoit-on pour les collègues qui ne sont pas touchés, mais qui vivront ce changement ?
Ces questions ne s’opposent pas aux exigences légales. Elles permettent simplement d’y ajouter une couche de cohérence humaine, en s’assurant que l’expérience vécue soit respectueuse et alignée sur les valeurs de l’organisation.
Une responsabilité à habiter
La compassion ne s’ajoute pas à la conformité — elle s’y intègre. Elle donne un sens à l’action. Elle permet de reconnaître la personne dans ce qu’elle vit, même dans un cadre bien défini. Ce n’est pas une question de faire plus, mais de faire mieux.
Cela suppose aussi de bien entourer les gestionnaires. Car eux aussi portent une charge. Eux aussi doivent naviguer entre loyauté, cohérence et authenticité. Et trop souvent, leur propre vécu est mis en veilleuse pour se concentrer sur les étapes à livrer.
Préparer avec intention
Ce qu’on prévoit en amont a un effet direct sur la suite. Une démarche claire, structurée et assumée crée un climat plus sain. C’est aussi là qu’un accompagnement externe peut apporter une valeur précieuse : en soutenant les gestionnaires, en encadrant les communications, en prenant soin des personnes touchées dès les premières heures.
Leduc RH accompagne les organisations à toutes les étapes du processus : de la planification stratégique à la présence le jour de l’annonce, en passant par le soutien aux employés et aux gestionnaires. Nos programmes de transition de carrière permettent aux personnes concernées de se recentrer, de clarifier leurs objectifs professionnels et de relancer leur parcours avec confiance.
Et il ne faut pas oublier que les RH aussi sont concerné·es. Être à la tête du processus, c’est aussi le vivre de l’intérieur. Et pour bien accompagner, il faut soi-même être soutenu. Demander de l’aide, nommer son état, créer de l’espace pour soi — c’est une condition pour tenir son rôle avec justesse.
Une culture se révèle dans la manière d’agir
Les valeurs organisationnelles ne s’expriment pas uniquement dans les documents stratégiques. Elles prennent forme dans la façon dont les décisions sont portées. Quand vient le temps de vivre un changement, ce sont les gestes posés qui montrent ce à quoi l’organisation tient réellement.
Les départs ne sont pas des parenthèses dans une vie d’équipe. Ils en font partie. Et s’ils sont menés avec clarté, respect et cohérence, ils laissent derrière eux une organisation plus forte, et des personnes mieux préparées à la suite.