Lorsqu'une organisation traverse une période de licenciement, la manière dont les gestionnaires interviennent peut faire toute la différence. Bien plus que de simples relais d'information, les gestionnaires de proximité sont les premiers points de contact pour les équipes. Leur posture, leur langage, leur capacité à accueillir les réactions ou à reconnaître les incertitudes influencent directement le climat de travail. Pour cette raison, les former à intervenir avec justesse ne relève pas seulement du développement professionnel, mais d'une véritable stratégie de mobilisation organisationnelle. Il peut être pertinent d'intégrer cette démarche dans un plan plus large d'accompagnement au changement, qui tient compte à la fois des besoins des équipes en place et de ceux des personnes qui quittent l'organisation.
Lien gestionnaire-employé
De nombreuses recherches sur l’engagement au travail montrent que la relation directe entre un employé et son gestionnaire est un facteur déterminant de la mobilisation. En période de changement, cette relation devient encore plus significative. Là où les communications officielles peuvent paraître abstraites ou lointaines, le gestionnaire est perçu comme un repère humain, accessible, capable d’écouter et de contextualiser.
Mais pour remplir ce rôle avec justesse, les gestionnaires ont besoin de soutien. Ils doivent développer une posture managériale qui conjugue empathie, clarté et cohérence. Or, peu ont été formés à naviguer dans ces zones où les émotions sont vives et les repères bousculés.
Comprendre les enjeux émotionnels pour mieux intervenir
Dans un contexte de licenciement, les émotions ne se limitent pas à ceux qui partent. Les employés qui restent peuvent vivre de la culpabilité, de la peur, de la tristesse ou de la méfiance. Le gestionnaire est souvent la première personne vers qui ces émotions sont exprimées. Il peut aussi être perçu comme le représentant de la direction, voire comme un complice des décisions.
Dans ce contexte, la justesse consiste à :
- Accueillir les réactions sans les nier ni les dramatiser
- Écouter sans promettre ce qui dépasse son pouvoir d’action
- Nommer les tensions, les incompréhensions ou les flous
- Rappeler les faits avec clarté, sans se déresponsabiliser
Former les gestionnaires à reconnaître les émotions, y compris les leurs, est un préalable à toute posture authentique. Une simple grille de lecture émotionnelle peut les aider à mieux comprendre ce qui se joue dans les équipes et à intervenir avec plus de conscience.
Outiller les gestionnaires pour des conversations sensibles
Certains gestionnaires évitent les discussions difficiles par peur de dire la mauvaise chose, ou par inconfort face aux réactions imprévisibles. Pourtant, ce sont souvent ces moments de vérité qui renforcent la confiance. Former les gestionnaires à ces conversations-clés permet de :
- Développer une écoute active et bienveillante
- Poser des questions ouvertes et respectueuses
- Valider les perceptions sans les corriger à tout prix
- Reformuler avec empathie pour favoriser la clarté
- Clore une conversation en laissant la porte ouverte au suivi
Des outils simples (canevas de discussion, trames de questionnement, exemples de formulations) peuvent servir de point d’appui. Mais c’est souvent la pratique, par le biais de mises en situation, de codéveloppement ou de supervision, qui permet de gagner en sérénité.
Conclusion
Préparer les gestionnaires à intervenir avec justesse, c’est reconnaître leur rôle central dans la dynamique humaine d’un changement organisationnel. C’est aussi leur donner les moyens de maintenir un climat sain, d’agir avec cohérence, et de soutenir les relations de travail, même dans les périodes de transition. En investissant dans cet accompagnement, les organisations posent les bases d’une mobilisation durable, au bénéfice des équipes en place comme de celles en repositionnement professionnel.